mardi 19 décembre 2006

One Laptop per Child


Le gouvernement grec participera finalement au programme One Laptop per Child, afin de distribuer plusieurs milliers laptops aux écoliers Grecs. Tandis que ce programme est destiné aux pays en développement, plusieurs pays occidentaux participent pour financer le programme et avoir la possibilité de distribuer gratuitement des laptops a leur jeunesse.

A propos nous re-publions, par la page de l'organisme, un interview de Nicholas Negroponte, professeur Grec à MIT, président de One Laptop per Child


Qu’est-ce que le portable à 100$ exactement?

L’ordinateur sera supporté par un système d’opération Linux, muni d’un écran à deux modes – un mode couleur, et un autre mode optionnel noir et blanc, à trois fois la résolution du mode couleur, qui permettra la lecture à la lumière du soleil. Le portable sera propulsé par un processeur cadencé à 500Mhz, avec 128MB de mémoire vive DRAM, ainsi que 500MB de mémoire Flash; ce qui veut donc dire qu’il n’aura pas de disque dur en tant que tel, mais comportera 4 ports USB. Le portable aura évidemment une connexion sans fil haute vitesse, ce qui permettra aux utilisateurs de créer leur propre réseau en chaîne ; chaque portable sera capable de communiquer directement à son plus proche voisin, créant ainsi, de ce fait, un réseau local accessible de tous. Le portable utilisera des sources d’énergie innovatrices (il comportera un mécanisme de recharge manuelle) et pourra effectuer presque toutes les tâches possibles excepté un large emmagasinage de données.

Pourquoi les enfants dans les pays en voie de développement ont besoin de portables?
Un ordinateur portable est une fenêtre en plus d’être un outil. Une fenêtre sur le monde et un outil qui permet de réfléchir, de penser. Ces portables représentent une merveilleuse façon d’apprendre à “apprendre”, à travers une interaction et une exploration personnelle de l’outil.

Pourquoi ne pas donner plutôt un ordinateur de bureau, ou, encore mieux, un ordinateur de bureau remis à neuf ?
Les ordinateurs de bureau sont effectivement moins chers, mais la mobilité est importante, spécialement quand viendra le temps de ramener le portable à la maison, à la fin de la journée. Les enfants dans les pays en développement ont besoin des plus récentes technologies, spécialement du matériel robuste et des logiciels inventifs et innovateurs. Des expériences récentes dans des écoles du Maine ont démontré l’extrême valeur pour un écolier de posséder son propre ordinateur portable, tant sur le plan de l’apprentissage que du divertissement. Ramener le portable à la maison engage la famille dans le processus. Dans un village du Cambodge par exemple, où nous avons travaillé, il n’y a pas d’électricité, ce qui fait du portable, l’élément le plus lumineux de la maison. En conclusion, en ce qui concerne les ordinateurs remis à neuf : si on estime qu’il y a 100 millions d’ordinateurs usagés disponibles, et que chacun d’eux requiert seulement une heure de main d’œuvre à remettre à neuf, c’est plus de 45 000 années de travail! Maintenant, si nous encourageons le recyclage d’ordinateurs usagés, nous ne croyons pas que ce soit la solution pour nous à OLPC.

De quelle manière est-il possible de rendre le coût si bas?
* Premièrement, en baissant dramatiquement le coût de l’écran. La première génération du portable aura un écran novateur à deux modes, cette technologie représente une sensible amélioration en comparaison des écrans LCD peu coûteux que l’on retrouve habituellement sur les lecteurs DVD portables. Ces écrans peuvent être utilisés en haute résolution, en noir et blanc, sous la lumière du soleil, au coût approximatif de 35$.

* Deuxièmement, nous enlèverons le gras des systèmes ! Les portables actuels sont devenus obèses. Les deux tiers de leurs logiciels sont utilisés pour gérer l’autre tiers, qui exécute sensiblement les mêmes fonctions de neuf façons différentes.

* Troisièmement, nous produirons ces portables en très grand nombre (plusieurs millions), directement aux ministères de l’éducation, qui les distribueront eux-mêmes à la manière de livres scolaires.

Pourquoi est-il si important pour chaque enfant de posséder un ordinateur portable? Qu’est-ce que cela amène de plus que les centres communautaires d’accès par exemple?
On ne pourrait imaginer, par exemple, un simple crayon communautaire – les enfants ont chacun le leur. Ce sont des outils avec lesquels ont peut réfléchir, suffisamment abordables pour les utiliser pour travailler et jouer, dessiner, écrire et calculer. Un ordinateur peut représenter la même chose, mais à une puissance exponentielle. Il y a également plusieurs autres raisons qui font que la possession d’un matériel, que ce soit un ballon, une poupée ou un livre, est un facteur important, comme, par exemple, le fait que ces objets seront traités avec attention et délicatesse.

À propos de la connectivité? Les services de télécommunications ne sont-ils pas hors de prix dans les pays en développement?
Dès lors que ces machines seront hors de leur emballage, elles pourront créer des réseaux multiples, un peu comme des chaînons d’une grande toile, qui les relieront directement les uns aux autres. C’est une caractéristique qui a été développée au MIT par le Media Lab. Nous sommes également à explorer différentes façons de connecter ces ordinateurs à internet à un coût très modique.

Qu’est-ce qu’un portable à 1000$ peut faire qu’un autre à 100$ ne peut pas?
Très peu de choses en fait. L’objectif est de permettre au portable à 100$ de faire presque tout ce qu’un portable à 1000$ peut faire à l’exception d’emmagasiner un large montant de données.

Comment ces ordinateurs seront mis sur le marché?
Les portables seront vendus directement aux gouvernements et distribués par les écoles sur la base d’un portable pas enfant. Des discussions initiales ont été tenues avec la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Argentine, l’Égypte, le Niger et la Thaïlande. Un nombre limité de portables sera envoyé à des communautés en développement dans différents pays. Une version commerciale de l’ordinateur sera également une option à explorer de façon parallèle.

Quelle est la date à laquelle vous croyez possible de pouvoir metre en marché ces portables? Qu’est-ce qui sera, selon vous, le plus gros obstacle ?
Notre horaire préliminaire prévoit un premier envoi d’unités fonctionnels à la fin de 2006 ou au début 2007. La production débutera lorsqu’au moins 5 à 10 millions de portables auront été commandés et payés. Le plus gros obstacle sera certainement la production de plus 100 millions d’unités. Cela ne représente pas seulement un problème au niveau de la chaîne de production, mais également un problème de design. Cette échelle de production est assez intimidante. Cependant, je suis extrêmement surpris pas les différentes propositions que nous recevons des différentes compagnies prêtes à accueillir le projet. Il me semble aujourd’hui que près de la moitié des obstacles majeurs se sont résolus par eux-mêmes.

Qui est le concepteur original du portable à 100$?
La compagnie Quanta Computer Inc. de Taiwan, a été choisie pour produire le portable pour nous. Le conseil a pris cette décision après avoir analysé les différentes offres d’autres manufacturiers possibles. Quanta Computer Inc. a été fondé à Taiwan, en 1988. Avec plus de 10 milliards américains de ventes annuelles, Quanta est le manufacturier le plus important de portable au monde ; la compagnie produit également des téléphones cellulaires, des télévisions à cristaux liquides (LCD), des serveurs et des produits de stockage de données. De plus, l’entreprise a récemment inauguré un nouveau centre de recherche et développement de plus de 200 millions de dollars américains, le Quanta R&D Complex (QRDC), à Taiwan. L’usine, qui a ouvert ses portes au troisième trimestre de 2005, possède 2,2 millions de pieds carrés et une capacité totale de plus de 7000 ingénieurs sur place.

De quelle manière sera structurée cette initiative?
Le portable est développé par One Laptop per Child (OLPC), une organisation sans but lucratif, établie au Delaware, créée par les membres de la faculté du Media Lab au MIT dans le but de concevoir, fabriquer et distribuer des portables suffisamment abordables afin de permettre à tous les enfants du monde un accès à la connaissance et aux divers méthodes d’éducation modernes. Le projet est inspiré des théories d’apprentissages constructionistes mises de l’avant par Seymour Papert et conséquemment par Alan Kay, en plus des principes exprimés dans le livre Being Digital, de Nicholas Negroponte. Les membres fondateurs du secteur corporatif sont : Advanced Micro Devices (AMD), Brightstar, Google, News Corporation, Nortel, et Red Hat. Nicholas Negroponte est le président de One Laptop per Child et Mary Lou Jepsen en est la directrice en chef des technologies. Les autres membres de la direction sont : Walter Bender, Michail Bletsas, V. Michael Bove, Jr., David Cavallo, Benjamin Mako Hill, Joseph Jacobson, Alan Kay, Tod Machover, Seymour Papert, Mitchel Resnick, et Ted Selker. Design Continuum collabore également à la conception du portable.

Aucun commentaire: